Sunday, January 31, 2016

UN AUTRE REGARD


L'HISTOIRE,
UN SUJET POLITIQUE

« C'est objectif ! », 
on dit souvent quand de récits politiques. 
Mais ils masquent les questions sous-jacentes
de l'économie et des classes sociales,
et ignorent comment les sociétés fonctionnent.

De plus, 
les faits étant souvent incompréhensibles,
l'étude de l'histoire semble du plus grand ennui.

Dessin:
Peronnage lit un livre en baillant

• L'historien doit obligatoirement 
choisir certains faits et en écarter d'autres.  
Il présente donc un parti pris,
volontairement ou non 

Le plus courant est d'unir les lecteurs autour d'une identité : dans ce sens les chroniques médiévales qui glorifient les rois et mon manuel de seconde, L'Ascension de notre démocratie, se ressemblent. Cette perspective dit peu sur ce qui contredit cette vision linéaire (pour comment un manuel français ou le musée de la Ville minimise le révolutions parisiennes du XIXe siècle, cliquez sur les liens).

De plus, lister des informations est facile : on n'a qu'à mettre ces cartes de notes en ordre. Une pratique si mécanique n'aborde pas comment une société fonctionne, bien qu'il soit impossible de comprendre son évolution si cette base disparaît. (Certes, beaucoup d'études sont importantes sans cet arrière plan, et beaucoup d'histoires sont si dramatiques qu'elles n'en ont pas besoin.)

Un rayon de lumière : des indices se glissent parmi la masse de données.  

Dessin: 
Le même personnages soudainement comprend 

• Mettre l'accent sur l'économie et les classes sociales
transforme le sens des événements 

Prenez, par exemple, l'effet de la croissance (autrement dit le capitalisme, puisque la recherche de gain personnel n'a pas d'autre terme) sur une paysannerie : elle conduit à la perte de leurs terres et à leur déracinement. On comprend alors que ces sociétés se protègent, notamment par les destructions  des richesses avant qu'elles ne puissent être investies.

Quand la croissance continue malgré ces destructions et d'autres restrictions, elle conduit à des cycles de luttes entre forces anciennes et commerciales. Ces dernières gagnent et imposent des innovations structurelles (en Afrique une monnaie divisible, en France un capitalisme libéré des contraintes vénérables). Un pouvoir renforcé apparaît pour les contenir dans leurs nouvelles bornes (la chefferie d'un guerrier dans la région reculée que j'ai étudié en Afrique et le début de la Monarchie absolue en France. Leurs économies relativement primitives (en France, où la croissance s'accélère qu'avec les explorations et découvertes de la fin du XVe siècle) rendent ces cycles plus apparente que dans, disons, la Chine ou l'Inde, mais elles sont probablement universels.

Les mettre en évidence montre :

°En Afrique de l'Ouest, l'importance des razzieurs d'esclaves pour les marchés locaux et des producteurs de domaines à grande échelle. Comprendre leur dominance à la fin du XIXe siècle conteste la façon ethnocentrique dont l'histoire africaine est (involontairement) toujours comprise. 

° Que le « fanaticisme » anti-protestant des classes populaires urbaines françaises au XVIe siècle s'explique par la contestation des protestants -- dont beaucoup étaient des capitalistes émergents -- des protections que l'Église assurait aux plus vulnérables, et qui bloquaient la recherche du gain.

° Comment la Monarchie absolue était un effort ultime de contenir la croissance. Cela explique les grands paradoxes de la France au XVIIe siècle : construire Versailles sur un marais sans eau utilisable quand le roi a déjà une série de palais, et maintenir l'interdiction du protestantisme quand il était claire qu'elle conduisait à l'exode de la partie la plus productive de la population.

Une perspective économique et anthropologique
est logique.  
Pourquoi est-elle si rare ? 

Si vous accepté que l'histoire est un sujet politique, vous accepterez que les puissances qui nous gouvernent ne souhaitent pas offrir au publique une arme pour les défier. Cela ne veut pas dire qu'ils imposent leur vues sur les historiens, ou même que ceux-ci sont conscients de leur parti-pris conservateur. On suppose aller de soi l'approche qu'on a appris à l'école, surtout quand elle fait partie de l'air du temps.

Mais il y a un changement. Aujourd'hui même l'histoire conservatrice perd son importance dans les programmes scolaires. Parce que les forces derrière le commerce mondialisé souhaite un marché planétaire unique et les histoires nationales font barrage à cette évolution ?  

 «  Débarrassons-nous de cet obstacle ! »
 Dessin inspiré de Rubens et Picsou 



Un  « bloog » par un obscure guide de Paris 
n'a aucune possibilité de confronter efficacement le capitalisme mondial 
ou d'être remarqué par plus d'une poignée de personnes. 

Mais montrer comment l'histoire est une arme contre la mystification
et suggérer une alternative
est ma contribution 
à un combat infiniment plus vaste.

Harald Wolff

*     *     *

J'aimerais savoir ce que vous pensez de ce bloog, et des critiques sont bienvenues : on est inévitablement dans sa bulle.

Et si il vous paraît intéressant, transmettez-le !


Il n'est pas fait pour être vendu, mais pour être lu.