Saturday, December 31, 2016

IV, 3. RETOUR AU DJIMINI : LA VIOLENCE REPART


UN SIÈCLE DE PAIX APPORTE UN AUTRE CYCLE
DE CROISSANCE, DE BOULEVERSEMENT
ET DE RÉSISTANCE À DE NOUVELLES FORCES DU GAIN

Sculpture senufo, Internet
Guerrier senufo

  • La menace des forces nouvelles
  • Les Senufo se défendent
  • Au Dahomey : une violence différente, des objectifs similaires 

*      *      *

Suite,

Tuesday, December 27, 2016

LA MENACE DES FORCES NOUVELLES

DES COMMERÇANTS DU NORD
ARRIVENT EN NOMBRE CROISSANT
(À partir de 1870 environ)

Le marchand hausa « Mori » 
s'établit dans dans Marabadiassa où on produit le textile
et « Karamoko Bassiri » à Bouake, à l'ouest
-- Les imams de Dabalakoro et de Darhala
(Villages musulmans sur la voie de commerce)

L'imam de Darhala
a dit que son père et d'autres sont aussi arrivés 
à cette époque  

William Allen, Narrative of an expedition to the River Niger, 1848
Dignitaires hausa

• Leur irruption fait partie d'une poussée générale :
Dans les années... 
° 1820 

Des peuls du nord du Nigeria chevauchent vers le sud, avec tenues et drapeaux blancs, criant « Allahu Akhbar ! » et s'attendant au paradis s'ils meurent au combatÀ la capitale d'Oyo ils incitent les esclaves musulmans à tuer leurs maîtres animistes et à se joindre à eux. 
-- Clapperton, Récit d'une deuxième expédition à l'interior de l'Afrique 1825-27 (en anglais)


° 1850

Des peuls et des kanuri du Bornou se déplacent vers le sud, saisissant ou tuant les populations ou exigeant du tribut.
-- Barth, II (en anglais)
° 1870

Amadou Tall de Ségou « ... semble se désintéresser de plus en plus de ses possessions du Kaarta, du Fadougou et du Bélédougou (au Sénégal et au Mali), en révolte continuelle ... pour tourner ses efforts vers les pays du sud... »
-- Archives de Dakar, 1880 
° 1890
Des gens du nord atteignent la côte.
-- Archives de Dakar, 1894

• Ils colonisent et asservissent... 

 ° La langue indigène disparaît 

« Les génies du pays, disent les Sénufo du Kénédougou, se sont retirés dans certaines mares... Malheur à l'imprudent qui, à côté de ces mares, prononcerait des mots de la langue bambara, la langue du conquérant. Ils seraient immédiatement englouti. Le pays est senufo, les génies du pays ne veulent entendre parler que le sénufo. »   
-- Archives de Dakar, 1888 

° Les populations devienne tributaires

Au nord du Djimini : « Ils (les autochtones) doivent (aux gens du nord) leur travail et le produit de leurs champs et sont, à proprement parler, des captifs, sauf qu'ils ne sont pas vendus. »
-- Archives de Dakar, 1888
Au Djimini : « Ils tentaient de voler nos récoltes ».
 -- Serisio Coulibali, agriculteur

Ils prêchent l'islam,
ce qui dans un contexte animiste
veut dire transformer la société elle-même.

*      *      *

Suite,

Sunday, December 25, 2016

LES SÉNUFO SE DÉFENDENT

NAMBOLOSSÉ, LE FILS DE GNAPON, 
CONDUIT LA RÉSISTANCE 

C'est lui qui est tué en 1878,
quand il est « trop vieux pour combattre »


 Il est le héro sénufo :
« Il a obligé les marchands à nous respecter,
il les a forcé de parler notre langue. 
Il pillait les caravanes et disait,
"Si je renonce au crime, comment mangerais-je ?" »
  -- Serisio Coulibali, agriculteur

Internet

° Qui sont les cavaliers ? 
Ils ne peuvent pas être des musulmans,
car les cicatrices sont animistes 

Représentent-ils Nambolosse ? Avaient-ils des cavaliers ? 

Seraient-ils des Sonnangui, des Senufo devenus producteurs pour les marchés et qui utilisent du travail captif ? (Le chapitre qui suit explique.)

° L'énigme des sculptures :
 Les cicatrices sont animistes,
ce qui exclut des razzieurs musulmans

Représent-ils Nambolosse ? Avait-il des cavaliers ?  

Pourraient-ils être des Sonnangui, des Senufo qui deviennent des producteurs pour les marchés et qui utilisaient des esclaves ? (Continuez.)  

Internet
Cavalière

° Et les cavalières ?  

La sœur du conquérant Samori razziait. 

Était-elle seule, ou une parmi d'autres ? 

Et les cicatrices ?  

Il faudrait voir une exposition représentative, ou questionner des villageois que savent encore peut-être. 

Ce sont des questions que je me suis posée seulement plus tard.  


• Après la mort de Nambolosse
les Sénufo continuent les attaques. 

Ils distinguent entre marchands locaux et étrangers,
n'agressant que les caravanes avec des ânes,
élevés au nord.
-- Archives de Dakar, 1891, que mes interlocuteurs ont confirmé.
On n'élèverait pas des ânes près de la forêt, avec ses mouches tse-tsé mortelles pour les équidés.


° Les Dyula sont épargnés,
car ils font partie de la société sénufo 

Ce sont des petits commerçants, comme le marchand de perles dont les prières aident à fonder Bokhala. Leur islam est si « laxiste » que leurs aînés sont souvent ivres en publique

Traduction : ils l'utiliseront pas l'islam pour affronter l'ordre traditionnel. 
--  Ivre en publique :
Journal de Braulot, archives de Dakar

° « Nous laissions les petits dyulas tranquils, 

mais les Soninke étaient comme des poissons. 

Nous ne savions pas d'où il venaient ou où ils allaient, 
et nous les attrapions comme des poissons. » 
-- Bafétigui Coulibali, imam de Dabakalakoro 

° « Nous » : l'imam s'identifie avec les animistes
contre d'autres musulmans : continuez.

La résistance sénufo est efficace.
Pendant plus de quinze ans,
des razzieurs dévastent les territoires à l'est et à l'ouest,
mais épargnent le Djimini.

*     *     *

 Suite,

Friday, December 23, 2016

UNE VIOLENCE DIFFÉRENTE, UN SENS SIMILAIRE


LE SACRIFICE HUMAIN,
UNE AUTRE FAÇON DE CONTRER 
 LA MENACE DES FORCES NOUVELLES 

Le roi du Dahomey immole dix esclaves en 1850
 et trois cent en 1853, 
pour que des producteurs de ne les obtiennent pas
(Le Dahomey, au Bénin actuel)



• Chaque année les chefs de famille 
offrent des richesses aux ancêtres
en fonction de leur rang. 
Le roi sacrifie ce qui coûte le plus,
des captifs

JournaUX de deux missions au rois du Dahomey, en 1849 and 1850 par Frederic E. Forbes (en anglais)

• Quand les Britanniques bloquent le port
pour empêcher le départ d'esclaves (en 1852), 
le monarque se retrouve avec une masse de captifs
que l'oligarchie ne peut absorber
et dont le maintien coûte cher   

Dahomey Human sacrifice in 1853, "Le Tour du Monde"
Des producteurs d'huile de palme les achèteraient volontiers.
  
Le roi les sacrifie. 

• La destruction ritualisée renforce l'autorité,
comme d'habitude

Dans le premier dessin, le roi donne l'ordre de jeter les captifs par dessus le mur. La population regarde de l'extérieur.  

Dans le second, roi et foule participent ensemble. Le peuple applaudit chaque fois que le bourreau lève une tête sanglante, le roi est assis devant eux, sous le parasol (un symbole de pouvoir).  

Il n'y a pas de rituel comparable au Djimini,
dont l'économie est beaucoup moins développée 
et qui n'a pas de royauté. 

Mais piller les caravanes et massacrer la force de travail
ont le même but,
de protéger des sociétés que des forces commerciales menacent. 

Fin de ce chapitre.

*      *      *

Prochain chapitre,