Monday, October 31, 2016

IV. 5. LES FORCES COMMERCIALES GAGNENT PUIS S'ÉCROULENT

LES RAZZIEURS DÉFERLENT SUR LA SAVANE 

Les anciens royaumes ayant été balayés,
ils saisissent la main d'œuvre
 que requière la production commerciale
(Surtout à partir de 1870)

The raiders must have looked this / Internet

  • Esclavage et croissance 
  • Adapter l'islam au travail captif
  • Chefs de guerre et grands marchands 
  • Samori et le Judas senufo  
  • La libération des esclaves et les économies coloniales 

    *      *      *

    Suite,

    Saturday, October 29, 2016

    ESCLAVAGE ET CROISSANCE


    LES RAIDS DEVIENNENT MASSIFS ET EFFICACES

    Elles doivent saisir des terres et des travailleurs
    pour la production,  
    et non pas maintenir le statu quo

     • Nouvelles armes à feu, nouvelle utilisation,
    nouveaux objectifs

      Razzia musulman des années 1880 par Harry Johnston
    Des fusils remplacent les mousquets volontairement inefficaces 

     Internet (sans source)
    Des populations sont massivement déplacées...
    Second journey to the source of the Nile par John Speke, London, 1864 (couleurs ajoutées, Almamy stock photo)
    ...pour travailler d'immenses domaines.  

    • Destruction, esclavage et croissance : 
    Djimini pendant le bref règne 
    de l'esclavagiste Samory Ture, 1894-98
      
    Kong, Kondodougou et Bokhala sont détruits, mais d'autres villages les remplacent ou s'élargissent : « Marabadiassa qui a remplacé Kong après sa destruction... ».

    La culture du riz se développe, les ignames sont introduits, des marchés attirent 5000 personnes plutôt que 2000 (Dabakala, chef-lieu de Samori et nouveau marché, 7000).   
     -- Archives d'Abidjan 1899

    Tous mes interlocuteurs ont confirmé cette progression.

    *     *     * 

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    Adapter l'islam au besoin de main d'œuvre





    Thursday, October 27, 2016

    ADAPTER L'ISLAM AU BESOIN DE MAIN D'ŒUVRE


    LES PRODUCTEURS LE RÉVISENT
    POUR JUSTIFIER 
    DES RAIDS MASSIFS ET UNE EXPLOITATION INTENSE

    Comme ils s'en servent 
    pour imposer la propriété privée des terres

     • Le sens des termes en pratique


    ° « Keffir » : Mécréant, incroyant... animiste  
    ° « Jihad : » La guerre contre les keffirs... des razzias d'esclaves   

     L'application : 
    Bien « qu'un homme bon au fond »...

    un chef de guerre toucouleur lance ses soldats à l'assaut d'un village animiste après que ses habitants leur aient donné de l'eau ; quand l'explorateur objecte il répond, « Ce sont des keffirs, tous les moyens sont bons avec eux ». 
    -- Lt. de vaisseau Mage, Voyage dans la Sénégambie occidentale, 1868, 623

    • La réaction d'un descendant d'esclave

    Le fils d'un animiste propriétaire d'esclaves a accepté de m'en parler, et a invité un de leurs descendants à être présent. 

    Son père, a-t'il dit, traitait bien ses esclaves et avait même confié sa famille à l'un d'eux pendant une absence. Mais les Toucouleurs ne s'intéressaient qu'à l'argent et traitaient leurs captifs comme des bêtes. 

    J'ai demandé alors, 
    « N'étaient-ils pas ruinés quand les esclaves ont été libérés ? » 
    Le visiteur, qui n'avait rien dit jusque là, 
    se redressa et exclama joyeusement, 
     « Ils en ont même pleuré ! »  
    -- Dongougou Bouaré, à Ségou  
    *      *      *

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    Chefs de guerre et grands marchands 






    Sunday, October 23, 2016

    CHEFS DE GUERRE ET GRANDS MARCHANDS


    L'ALLIANCE DES RAZZIEURS 
    ET DE GRANDS MARCHANDS  

    Des récits de la mort de Nambolosse 
    ignore un chef dyula et substituent « Mori »,
    un marchand hausa et le chef de Marabadiassa,
    qui dévaste le pays taguana voisin


    • La vérité historique 

    Quand Nambolosse demande qu'un Hausa important lui soit livré comme esclave et tente de saisir un héritage soninke, un chef dyula et ses hommes viennent à Bokhala quand les guerriers sont partis et le brûlent vif dans sa case.
    -- Archives de Dakar, 1878

    • Les récits
    ° Les souvenirs de musulmans,
    descendants des razzieurs

    Les héritiers dépossédés font appel à Mori. Ses hommes ont mit le feu à la case de Nambolossé. Quand il est sorti ils l'ont décapité et éviscéré et ont cuit son cadavre sur une broche, comme un rôti. 

    -- Bakari Coulibali, imam de Darhala 
      ° Les souvenirs d'animistes,
      descendants des razziés
      (les villages sont séparés, 
      on comprend bien pourquoi )

      La case de Nambolosse est imperméable au feu. Il n'est pas mort, mais chasse Mori du Djimini. Il l'aurait attrapé, mais son cheval magique disparaît et reparaît cinq kilomètres plus loin. Pendant sa fuite Mori rencontre Samori et lui a dit, « Gare au Djimini. Il y a là des vrais hommes. »
       -- Serisio Coulibali, agriculteur sénufo

      ° D'autres témoignages français : 
      Presque inexistants,
      ce qui ne montre pas l'absence de razzieurs,
      mais que les Français mentionnent que ceux qu'ils combattent

      Au moins quatre razzieurs autre que Samori terrifient les populations du nordest de la Côte d'Ivoire : Mori et un certain Vakuba Ture « ses fils ». 
      -- Archives d'Abidjan pour le cercle de Bondoukou, à l'est du Djimini



      Je n'ai trouvé pas d'autres mention de razzieurs dans les archives de Paris ou de Dakar pour cette région, bien que les archives d'Abidjan et celles des centres administratifs les mentionnent  peut-être. La source principale serait les mémoires locales, qui sont peut-être encore vivaces.  

      La mémoire collective révèle ce qui compte,
      pas la vérité littérale
      (le mythe que le vote de Philippe Égalité 
      ait été décisif 
      est une raison pour laquelle 
      il n'y a pas de monarchie en France).


      Au Djimini,
      les villageois des deux bords,
      oublie le tueur réel parce que les dyula ne razzie pas,
      et parce qu'ils sont des cibles des attaques à venir. 

      Ils le remplacent par Mori,
      dont les assauts annoncent Samori.  







      *       *       *
       Suite,

      Wednesday, October 19, 2016

      SAMORI ET LE JUDAS SENUFO


      SAMORI,
      MARCHAND DE TEXTILES, RAZZIEUR ET CONQUÉRANT,  
      CONNU UNIQUEMENT
      POUR SA RÉSISTANCE AUX FRANÇAIS

      Il établit un premier état (en 1875),
      est repoussé par les Français
      et se remplie sur le Djimini (en 1894-98)



      • Ses cinquième colonne, les « Sonnangui » : 
      Des Sénufo apparus grâce aux cauris,
      qui produisent pour les marchés
      par une main d'œuvre captive
        
      « des autochtones... qui ont adopté la langue, la coutume, les mœurs et les aspects extérieurs des Dyula tout en conservant le tatouage des Sénufo... 

      Ils n'ont ni l'élévation d'idées, ni l'instruction des Dyulas mais qui, ayant ouvert leurs bras et leur pays à Samori, ont profité de l'amitié du vainqueur pour exploiter les Sénufo, vis-à-vis desquels ils affichent une morgue et un despotisme qu'ignoraient les vrais Dyulas. » 
      -- Archives d'Abidjan, gras ajouté
      Le texte les montre grossiers et méprisant envers leurs subordonnés,
      sans l'éducation et le paternalisme d'élites plus anciennes.

      • Parmi eux, Pelegayan :
      Il produit du millet pour Foumbolo,
      un marché sur la route du conquérant

      En grandes lettres, villages nouveaux ou agrandis ; en petites lettres, ceux que Samori détruit. 

        « Il voulait être roi mais n'en avait pas le droit » 

       Les forces du Djimini arrêtent Samori près de Foumbolo.
      Pelegayan se lève la nuit, va trouver Samori et dit, 

      « -- Il ne faut pas te décourager, tu vas gagner cette bataille.

      -- Par quel moyen ?

      -- Oh, ne t'en fais pas, je suis un enfant de ce pays, je vais te montrer, je connais tous ses secrets.

      -- Non, tu me dis de ne pas me décourager, mais cela fait trois mois que je suis là, je n'arrive pas à faire quelque chose.

      -- Oh, ne t'en fais pas, je suis un enfant du pays, je connais les secrets, tu arriveras à bout. 

      Il fait savoir à Samori les secrets. Il a aussi dit à son armée de ne pas mettre de balles dans leurs fusils ».
      -- Serisio Coulibali

      On se souvient des Sonnangui pour leur islam « curieux »,
      qui les rapproche des conquérants
      et les sépare de leurs esclaves sénufo. 

      *      *      *

      Monday, October 17, 2016

      L' ÉMANCIPATION DES ESCLAVES ET LES ÉCONOMIES COLONIALES


      LE DYNAMISME DES PRODUCTEURS
       RENDENT DES ÉCONOMIES COLONIALES IMPOSSIBLES

      Leur opposition est implacable
      et les marchandises européennes ne se vendent pas 

      • Leurs textiles, moteur du commerce,
      sont invendables :
      Pourquoi substituer les fragiles tissus manufacturés...

      ° Pour ceci...

      Tissus hausa
      Un drapé de bandes d'excellent coton tissés dure indéfiniment, et son allure sur une peau sombre est spectaculaire. (En fait, les pouvoirs coloniaux ne prendront jamais le marché africain. Il est dominé depuis le début du XXe siècle par les imprimés saisissantsque des Hollandais ont tenté d'imposer en Indonésie et que des soldats africains ont introduits chez eux). 

      ° ...ou ceci  

                                                                                                                                   Internet
      La broderie ancestrale

      • Donc dès leur contrôle militaire assuré
      les conquérants libèrent les esclaves,
      provoquant exode et effondrement.

      Un rapport mélancolique décrit la suite :

      Ce récit de quarante pages commence par la venue du Gouverneur de la Côte d'Ivoire à deux centres du nord aux fortes concentrations d'esclaves, pour annoncer qu'ils sont libres. Il voyage en pleine saison des pluies : l'ordre vient de Paris.   

      D'abord les captifs ne le croient pas, mais quand certains partent et que rien n'arrive, l'exode s'emballe. Presque tous s'en vont, certains pour des villages qui souvent n'existent plus, d'autres au hasard.

      L'administrateur termine son rapport en doutant que leurs vies soient meilleures. Il observe tristement la chute en quelques semaines de sociétés florissantes.
      -- « Rapport du Capitaine Schiffer », octobre 1907, archives de Dabakala


      • Les producteurs doivent 
      travailler la terre eux-mêmes :
      Leurs descendants le font toujours   

      Dans toutes les régions conquises
      sauf les plus reculées,
      la transformation est complète vers 1907. 

       L'économie coloniale peut démarrer. 
        
      Fin de ce chapitre

      *     *     *
      Le prochain chapitre,
      IV, 5.
       Le récit se transforme