Monday, March 26, 2018

LE COMMERCE ATTEINT LE DJIMINI LOINTAIN


DES EFFETS DES ÉCHANGES TRANS-SAHARIENS  
L'ATTEIGNENT ENFIN VERS 1700

L'échange de sel pour de l'or et des esclaves
déclenche des répercussions en série

Carte du XIVe siècle
 Un scénario universel : 
Le commerce commence par 
renforcer le système social existant,
puis le transforme  

Les premiers échanges sont en articles de luxe, qui seuls supportent le coût du transport. Les autorités locales sont ravies de les avoir, et les utilisent pour affirmer leur contrôle. 

Mais les marchands ont besoin d'approvisionnement, et d'animaux, d'outres, de cordes, de sandales. Les autorités originaux ne peuvent pas subvenir à ces besoins, et une autre élite apparaît pour les gérer. Avec ses épouses, ses enfants et ses serviteurs, elle doit aussi être approvisionnée. L'agriculture et l'artisanat se développent. 

Les transactions initiales deviennent secondaires.
-- Comme la montré le regretté Claude Meillassoux, anthropologue

• Les marchands se déplacent vers le sud
pour l'or et les esclaves
et pour un nouveau produit, 
les noix de kola 

Internet
Petits et legers, on les utilise pour des teintures et parce que mâchés, ils étanchent la soif et induisent une légère euphorie. 

• Ils établissent des comptoirs,
dont les chefs contrôlent les routes.  
Une de ces colonies devient 
le centre islamique de Kong


Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi (1887-89) by Captain Louis Gustave Binger, 1892  

Un roi « fou » tire sur la foule du marché.
Traduction probable :
Il s'adresse violemment à une opposition,
vraisemblablement des nouveaux marchands 
qui arrivent avec la croissance.

Il est renversé.


Les vainqueurs ouvrent les routes
et arrivent au Djimini vers 1710.  

*      *      * 

Friday, March 23, 2018

DES COMMUNAUTÉS DIRIGÉES PAR DES AÎNÉS


 À L'ARRIVÉE DES MARCHANDS
LES SÉNUFO SONT DES CULTIVATEURS AUTO-SUFFISANTS

 Beaucoup le sont encore

Toutes photos / Internet, photographe mentionné si nommé


Irene Becker



Les aînés des lignages envoient les cadets chercher le kola
et contrôlent les échanges.
 L'arrivée des marchands les renforce dans un premier temps.

*      *      *
Suite, 

Wednesday, March 21, 2018

CROISSANCE, TUMULTE ET CHEFFERIES


LES MARCHANDS DEVIENNENT PLUS NOMBREUX. 
LES CHEFFERIES SE SUCCÈDENT SUR LA VOIE DE COMMERCE  

À Kondodougou,
un chef remplace les aînés : 
Ces épouses font pousser les provisions pour les marchands
et ses fils cherchent le kola
(vers 1750)  

Les villages dans l'histoire sont toutes sur la voie de commerce.

• Deux sortes de marchands

° Les premiers sont de petits commerçants (les Dyulas) 
qui viennent de Kong,
 relativement proche 

Ils commercent sur de courtes distances avec une organisation et des capitaux limités, pour des petits bénéfices.  


° Ensuite arrivent les commerçants à longue distance,
du Niger (les Soninke) et du Nigéria du Nord (les Hausa).
Leurs réseaux, leurs capitaux et leurs gains  
sont bien plus importants
et leurs ambitions refléteront cette différence

Dignitaires hausa en 1902 / Internet
Les Hausa viennent de plus loin et sont particulièrement dynamiques. Ils fondent le village de Marabadiassa (« Maraba » ou « gens de l'est » : Hausa)

Les textiles sont faciles à produire et à transporter et leur marché est sans limite. Ils conduisent à des teintures, de quoi les fixer, des sources inédits de capitaux et à l'émergence de tisserands et de teinturiers. 

Leur venue de textiles indique une transformation sociale.  

 • Un conflit conduit à une chefferie plus puissante  
Les informations des narrateurs sont en italiques.

 ° Le chef de Kondodougou, Tofanga,
est capturé, mais un guerrier, Gnapon, le sauve

Les opposants emmènent Tofanga dans leur village. Mais il a un ami, Gnapon. Gnapon se cache dans la forêt et indique sa présence par un chant païen, auquel Tofanga répond. 

L'ennemi et la raison du conflit sont oubliés. Mais bien que les détails de l'histoire changent de village en village, tous mentionnent le chant « païen ». Ce terme n'a de sens que si le village est musulman, c'est-à-dire commerçant : le conflit est donc entre les marchands et les Sénufo, et sa raison ne peut être qu'économique. 

° Tofanga cède volontairement le pouvoir à Gnapon
qui en tant que guerrier impose un pouvoir plus robuste

Gnapon se cache derrière un arbre et hurle. Les villageois sortent pour voir se qui se passe et Tofanga s'échappe. Il dit à Gnapon qu'il pourrait lui offrir une femme (la récompense habituelle), « mais une femme pourrait venir entre nous ». Il préfère lui céder le pouvoir.

Ici aussi, les mots sont toujours les mêmes : « mais une femme pourrait venir entre nous. » Tofanga, vaincu, n'a pas de pouvoir à céder, mais souligner l'aspect volontaire de l'abandon volontaire montre que le publique du narrateur approuve l'autorité plus musclée.

° Un marabout renforce Gnapon avec ses prières 
et son village, Bokhala, devient un marché 

Il vend des perles et d'autres articles de peu de valeur. 

Il est donc un Dyula ou petit commerçant.

Les Soninke et les Hausa n'ont pas encore d'importance. 


 • Ce changement se passe vers 1700

° C'est une estimation :
Le temps paysans se base sur les saisons

Les narrateurs peuvent dire que qu'un événement a eu lieu à une époque particulière (après l'arrivée des marchands à Kong, avant l'invasion de Samori, à suivre) or bien, comme ici, ne savent pas.


° Un document français
place la mort du fils de Gnapon en 1878,
quand il est « trop âgé pour combattre »
-- Archives de Dakar, 1878

Il est donc logique de supposer la fondation de Bokhala vers 1800, quand Gnapon aurait été jeune et énergique. Au moins, cela n'aurait pu être longtemps avant 1780 ou après 1820.

Des Hausa sont expulsés de certains royaumes
et les premiers mouvement millénaristes
 éclatent à cette époque :
Le changement au Djimini
fait partie d'un bouleversement plus vaste.


*     *     *

Monday, March 19, 2018

LES EFFETS DU TROC ET DES MONNAIES


AU DJIMINI L'ABSENCE D'UNE MONNAIE
PERMET À TOFANGA
DE MAÎTRISER LES ÉCHANGES  

Le conflit est-il du à son introduction par les marchands ?
Prenez les célèbres empires de la savane médiévale   

• Les « échanges silencieux » de l'empire du Mali
rend les transactions privées impossibles
laissant les échanges au roi 
(sur la boucle du Niger au XIVe siècle) 

Storyboard / Internet
Les Arabes mettent le sel au bord du Niger et se retirent. 

Les noirs l'examinent, placent l'or qu'ils proposent en échange à côté et se retirent aussi. Les négociations se poursuivent ainsi, accompagnées de percussions mais sans paroles.

Un arabe qui brise le silence est battu, un noir empalé (il menace plus directement le monopole du roi africain).
 -- G. Mouëtte, Histoire des conquêtes de Moulay Archy, 1683, 316-17


• Une monnaie de fer remplace ce troc.
À la même époque,
l'empire du Songhaï supplante celui du Mali 
 -- Pour la monnaie de fer,
Histoire et description de l'Afrique par Leo Africanus,
début du XVIe siècle
Grégoire Lyon


Un tombeau royal de Songhay
À Gao au Mali 

Arrière-plan probable : la croissance rend ce troc inapplicable, et exige un contrôle moins conduit moins rudimentaire.

Le fer, lourd et encombrant, est adapté à des échanges importants, pas à des ventes minuscules. Il permet à une élite de monopoliser le commerce, auquel les gens ordinaires n'ont pas accès.

La société reste stable.


• La transformation sociale apparaît
avec les monnaie divisibles,
qui laissent les producteurs indépendants émerger 

Les narrateurs ne savent pas quand les cauris sont venus au Djimini, disant seulement que c'était avant l'arrivée de Samori (en 1894). Ils doivent coïncider avec le marché de Bokhala, qui ne pourrait pas fonctionner autrement. 

Gnapon, un guerrier, est plus puissant que Tofanga. 
L'arrivée de la monnaie presque infiniment divisible
explique le consentement à une chefferie plus forte : 
Par les marchands, pour les protéger.  
Par la population, pour contenir l'impact du changement.  

Monday, March 12, 2018

UNE MONNAIE VIOLEMMENT COMBATTUE


 LES COQUILLAGES PETITS ET LÉGERS 
S'ÉTENDENT À TRAVERS L'AFRIQUE DE L'OUEST 

Ils viennent d'Asie
et sont adoptés dans la savane entière
vers 1780-1850

Transmaldavian airlines / Internet

• Ils éliminent le contrôle royal
des économies primitives,
et les monarques peuvent expulser les marchands
qui tentent de les imposer 

Tels les Hausa du Macina (Mali), de l'Oyo et de l'Ashanti vers 1800. Les sources ne donnent pas de raison, mais en Ashanti, ils sont chassés parce qu'ils « ne savaient pas se servir des poids à peser de l'or. Alors les Ashanti ont dit, "si vous ne voulez pas apprendre à vous en servir, vous pouvez partir."  »
-- Atta Kwadwo, Gardien du siège royal, Kumasi 

Les Hausa commercent avec les Ashanti depuis un demi-siècle et savent utiliser les poids. Mais les poids du roi sont un tiers plus lourds que ceux de ses sujets... 
• Ils apparaissent après des guerres civiles
suivies d'un pouvoir affirmé 

Au Bornou, l'utilisation des cauris suit la défaite de la noblesse la plus ancienne (en 1846), comme l'explorateur Heinrich Barth le dit explicitement.
-- Voyages et découvertes en Afrique, 1855, II 

Les explorateurs donnent rarement une information aussi directe, car ils ne comprennent pas son importance. On la découvre en joignant différentes parties de leurs récits, ou en comparant des narrations de différentes époques (le prochain chapitre en donne un exemple). 

La lutte entre Tofanga et les marchands 
et le pouvoir affirmé de Gnapon 
sont des résultats typiques de cette innovation.  

Fin de ce chapitre.

*     *     *
Suite,
IV.2.
Les mêmes grandes lignes dans toute la savane