Monday, February 8, 2016

LES SOUVENIRS DE PERSÉCUTION ET UN SAUVETAGE DE JUIFS


« ENTREZ, ENTREZ ! » 

L'accueil protestant au premier réfugié juif,
début du plus important sauvetage
de victimes des nazis

Des Républicains espagnoles, des opposants du gouvernement français fantoche,
 et surtout, des juifs

• Les protestants se maintiennent dans des régions isolées,
tels ce plateau du Massif Central

° Éloignement 

Diaconesses de Reuilly
Des chiens aboient si des étrangers apparaissent, et les réfugiés disparaissent dans la forêt en cas d'arrivée de la police (beaucoup de fermes en sont plus proches). 

° Le bourg avec lequel le sauvetage est associé : 
Le Chambon-sur-Lignon (pop. 15,000 en 1940).
La population rurale de 5,000
est un peu près égale au nombre de sauvés  





Sa population massivement protestante se souvenait de sa propre persécution et avait toujours accueilli les traqués, y compris des prêtres catholiques à la Révolution.

Le Mémorial Yad Vashem à Jérusalem honore les civiles qui ont aidé les juifs. Il rend hommage à 47 individus de cette région reculée, et dans une mention collective remarquable, à la population dans son ensemble.  




• Un autre élément,
l'engagement des douze pasteurs.
Particulièrement éloquent :  
André Trocmé, le pasteur à Le Chambon

Un descendant du propriétaire mentionné à la page précédente,
on l'envoie à ce lieu obscur pour punir son pacifisme.  

La Bible est au Musée de l'Holocauste de Washington 


 « Les armes de l'esprit »
le premier sermon de la Résistance

Le dimanche après la signature de l'Armistice son sermon demande de s'opposer, non pas par les armes mais par les « armes de l'esprit. » 

Avec sa femme Magda (c'est elle qui dit « entrez, entrez ! » au réfugié qui frappe à leur porte), son associé Edouard Thies et l'instituteur Roger Darcissac, il mobilise la population pour secourir tous qui fuient les nazie. 

L'acceptation est immédiate et unanime.




• La tragédie 

° Trocmé demande à son cousin,  
Daniel Trocmé,
de diriger un refuge pour une vingtaine d'enfants
dont les parents ont été déportés.  
Daniel explique à ses parents pourquoi il accepte :  
  

Les armes de l'esprit 

Depuis ce matin les dès sont jetés. André m'a fait savoir qu'il compte sur moi.  

Le Chambon représente pour moi une espèce de contribution à la reconstruction de notre monde... une réponse affirmative à une vocation, un appel assez intime et presque religieux -- ou même tout à fait religieux par certains points -- L'avenir me dira si j'étais égal à la tâche ou non -- et ne le dira qu'à moi, d'ailleurs, car il ne s'agit pas d'une réussite du point de vue du monde (...)

 Je l'ai choisi parce que je pourrais ainsi ne pas avoir honte de moi. 
-- Le 9 septembre 1942



° Il décrira comment il
cherche des vêtements pour les enfants dans villes voisines...

s'occupe de leur santé, obtient des permissions du Préfet, assure la comptabilité,* fait marcher le chauffage, se fait sabotier, raconteur, directeur de chorale, fait face aux séquelles d'un incendie, maintient le contact avec les parents s'il y en a... . André ajoutera qu'il leur apportait de la soupe chaude à l'école à midi et passait une partie de ses nuits à remplacer leurs semelles en découpant des pneus abandonnés. Daniel dit d'abord qu'il se sent seul, mais ensuite, « Nous commençons à devenir une famille ». 

* Les fonds venaient d'organisations quaker, juif et pacifiste par des voies détournées. 

° Le couple chargé d'un refuge pour jeunes hommes
 trouve le poste trop dangereux et prend sa retraite:
Daniel accepte de s'en occuper aussi 

Les jeunes au printemps, 1943
°À l'aube du 23 mai 1943, 
la Gestapo entoure ce refuge

Daniel était alors à la maison des enfants et un garçon sauta sur sa bicyclette pour crier,  « Monsieur Trocmé, les Allemands sont là ! Partez ! » Plutôt que de s'échapper dans la forêt il a rejoint les jeunes, dont il était responsable.

Henry Aubin
Le refuge des enfants, devant la forêt

La Gestapo les arrêta tous. Daniel est mort dans une chambre de gaz à Maïdenek, un camp d'extermination en Pologne.

Il avait trente-deux ans.
-- Ces informations viennent d'un récit d'une vingtaine de pages 
basée sur les lettres de Daniel, écrit en 1976 par son frère Charles Trocmé.


• Le silence protestant :
« Nous ne félicitons pas pour avoir fait son devoir » :

-- L'Adjoint au Maire,
expliquant pourquoi ni rue ni plaque ne nomme des sauveteurs.

-- L'histoire est racontée par d'autres :


 • Les armes de l'esprit 
documentaire primé par Pierre Sauvage (1987),
 filmé quand on pouvait encore interviewer des sauveteurs

 par Patrick Henry (2007), dont le chapitre sur Daniel indiqué ci-dessus

 Magda et André Trocmé, figures de résistance,
 par Pierre Boismorand (2007)


Les juifs sauvés ont offert une plaque à la Ville
et un petit musée a été ouvert en 2014.
Mais la population elle-même ne dit rien.
André et Daniel Trocmé sont les oncles de Catherine Aubin.

Fin de cette section. 

*     *     *

La prochaine section : 
Retour au contrôle du capitalisme par la monarchie,
ou plutôt, comment ce contrôle s'est arrêté. 

*     *     *

Suite, 
VI.
La fin des freins sur le gain... presque 






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